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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/143

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La petite fille portait à son cou un fétiche donné par son père, un camée représentant le dieu Dionysos. Parfois, lorsqu’elle était seule, Cassandra retirait l’antique pierre de dessous ses vêtements et la levait vers le soleil, et dans l’améthyste foncée ressortait, comme une vision, Bacchus jeune et nu, tenant un thyrse dans une main et une grappe de raisin dans l’autre ; une panthère sautait à ses côtés, cherchant à lécher la grappe. Et le cœur de l’enfant était plein d’amour pour ce dieu.

Messer Luigi, ruiné par sa manie, mourut misérablement dans la masure d’un berger, à la suite d’une fièvre putride, au moment où il venait de découvrir les ruines d’un temple phénicien. Par bonheur, cette mort coïncida avec le retour de Galeotto Sacrobosco à Milan. Il prit sa nièce avec lui et s’installa dans la maison solitaire près de la Porta Vercellina.

Giovanni Beltraffio se souvenait toujours des paroles échangées entre monna Cassandra et le mécanicien Zoroastro au sujet de l’arbre empoisonné. Il rencontra la jeune fille chez Demetrius, auquel Merula l’avait recommandé pour des copies, et, bien que nombre de personnes affirmassent que Cassandra était une sorcière, Giovanni se sentait attiré par la beauté étrangement énigmatique de la jeune fille. Presque chaque soir, son travail terminé dans l’atelier de Léonard, Giovanni se dirigeait vers la maison solitaire. Cassandra l’attendait ; ils s’asseyaient sur la colline qui dominait le canal, près des ruines du couvent de Sainte-Radegonde, et causaient longuement. Un sentier