presque invisible, envahi par la bardane, le sureau et les orties, conduisait à la colline. Personne ne s’y aventurait.
II
La soirée était étouffante. De temps à autre le vent soufflait, soulevant la poussière blanche de la route, secouant les feuilles, puis s’apaisait. Rien ne troublait le calme, sinon les coups de tonnerre dans le lointain qui roulaient sourdement, comme venant de dessous terre. Et, sur cette faible basse, se détachaient criards les sons d’un luth chevrotant, les chansons des douaniers ivres. C’était un dimanche.
Par moments, à la lueur des éclairs de chaleur qui sillonnaient le ciel, on apercevait pendant un instant : la vieille maison avec sa grande cheminée de brique, qui crachait la fumée par flocons ; un vieux sonneur, droit comme un I, assis sur un tertre, une ligne à la main ; le long canal bordé de mélèzes et de saules ; les barques plates, traînées par des haridelles, qui transportaient le marbre blanc pour la basilique, et le gros câble qui battait l’eau. Puis, de nouveau, tout se noyait dans l’obscurité ; des écluses montait une odeur d’eau chaude, de fougères fanées, de goudron et de bois pourri.
Giovanni et Cassandra étaient assis à leur place habituelle.