La table de travail était encombrée d’appareils compliqués : des alambics, des masques, des récipients divers, des cornues, des entonnoirs, des mortiers, des cucurbites, des tubes serpentiformes, d’énormes bouteilles et de minuscules flacons. Une odeur violente se dégageait des sels vénéneux, des alcalis et des acides. Tout un monde mystérieux était enfermé dans les métaux – les sept dieux de l’Olympe, les sept planètes : dans l’or, le Soleil ; dans l’argent, la Lune ; dans le cuivre, Vénus ; dans le fer, Mars ; dans le plomb, Saturne ; dans l’étain, Jupiter ; dans le vif-argent, Mercure. Il y avait aussi des substances à noms barbares, qui effaraient les profanes, tels le cinabre lunaire, le lait de loup, l’airain d’Achille, l’astérie, l’androdame, l’anagallis, le rhaponticum, l’aristoloche, obtenues au prix de mille peines. Une précieuse goutte de sang de lion, qui guérit de tous les maux et donne l’éternelle jeunesse, brillait comme un rubis.
L’alchimiste était assis à sa table. Maigre, petit, ridé ainsi qu’un vieux champignon, mais toujours vif, alerte, messer Galeotto, la tête appuyée dans ses mains, observait avec attention une cornue qui doucement vibrait sur la flamme bleue de l’alcool. C’était de l’huile de Vénus, Oleum Veneris, d’un vert transparent comme la smaragdite. La bougie qui brûlait à côté projetait un reflet émeraude sur le parchemin d’un manuscrit ouvert sur la table, une étude de l’alchimiste arabe Djabira Abdallah.
Entendant des pas dans l’escalier, Galeotto se leva,