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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/153

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Afin qu’il ne pût surgir aucun doute sur l’authenticité de l’essai, il montra le creuset en terre réfractaire, priant chacun des assistants de le bien regarder, de le faire sonner, et en un mot de se convaincre qu’il n’existait aucune fraude, aucun subterfuge, aucun double fond comme chez la plupart des alchimistes. Les morceaux d’étain, les charbons, le soufflet, les baguettes servant à remuer le métal en fusion, tout fut examiné. Puis, on coupa l’étain par petits carrés, on le jeta dans le creuset que l’on plaça à l’entrée du four sur des charbons ardents. L’aide muet et borgne, au visage si livide qu’une des dames avait failli tomber en syncope en l’apercevant dans l’ombre et le prenant pour un démon, mit en action un gigantesque soufflet. Les charbons flambaient sous le bruyant courant d’air.

Galeotto distrayait ses invités par sa conversation. Il les égaya en appelant l’alchimie « chaste débauchée », casta meretrix, car elle a un nombre incalculable d’adorateurs, qui trompe tout le monde, semble accessible à tous, mais jusqu’à présent n’a été possédée par personne – in nullos unquam pervenit amplexus. Le médecin Marliani se frottait le front, grimaçait coléreusement en écoutant ce bavardage ; enfin, il ne se contint plus et dit :

— Messer, n’est-il pas temps de commencer l’expérience ? L’étain bout.

Galeotto prit un petit paquet bleu, le défit avec précaution : il contenait une poudre jaune très claire, grasse et brillante comme du verre en poudre et sentant