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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/152

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se renversèrent sur la table, et lorsqu’elles roulèrent, brillantes, elle se prit à crier, ravie :

— Regardez, un miracle, l’argent liquide court sans qu’on puisse l’arrêter !

Et la blonde Diana frappa dans ses mains.

— Verrons-nous vraiment le diable sortir du feu, lorsque le plomb se transmutera en or ? demanda au chevalier espagnol Maradès, son amant, la jolie friponne Filiberta, femme du vieux consul. Ne croyez-vous pas, messer, que ce soit un péché d’assister à ces expériences ?

Filiberta était très dévote. On colportait qu’elle permettait tout à son amant, sauf le baiser sur les lèvres ; car elle supposait que la chasteté n’était pas compromise, tant que la bouche qui avait juré devant l’autel la fidélité conjugale restait pure.

L’alchimiste s’approcha de Léonard et murmura à son oreille :

— Messer, croyez que je sais apprécier la visite d’un homme tel que vous…

Il lui serra la main. Léonard voulut répliquer, mais l’autre ne lui en laissa pas le temps :

— Oh ! je comprends ! C’est un secret pour la foule ! mais pour nous autres…

Puis avec un sourire aimable il s’adressa aux invités :

— Avec l’autorisation de mon bienfaiteur, le sérénissime duc, ainsi qu’avec celle de ces nobles dames, mes ravissantes souveraines, je commence l’expérience de la divine métamorphose. Attention !