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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/235

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— Comment oses-tu, comment oses-tu, misérable ?

— Qu’as-tu ?… Bien, bien… je ne dirai plus rien ! Calme-toi. Je ne pensais pas que tu donnerais ce sens à mes paroles…

— Quel sens ? Dis-le ! Dis tout, ne tergiverse pas !

— Eh ! des bêtises !… Pourquoi te fâches-tu ? Des amis tels que nous doivent-ils se brouiller pour de semblables peccadilles ? Allons, buvons à ta santé. In vino veritas !

Et nous avons continué à boire et à causer.

Non, non, assez ! Je voudrais oublier vite ! C’est fini. Je ne parlerai jamais plus avec lui du maître. Il est non seulement son ennemi à lui, mais aussi le mien. C’est un méchant homme.

Je me sens écœuré : je ne sais si c’est le vin bu dans ce maudit cabaret ou ce que nous y avons dit.

Il est honteux de penser quel plaisir certaines gens trouvent à abaisser ceux qui les dominent.

Le maître a dit :

— Artiste, ta force est dans la solitude. Lorsque tu es seul tu t’appartiens entièrement. Se tu sarai solo, tu sarai tutto tuo. Quand tu es, ne fût-ce qu’avec un seul ami, tu ne t’appartiens qu’à moitié ou encore moins, selon l’indiscrétion de l’ami. Si tu as plusieurs amis, tu t’enfonces encore davantage. Et lorsque tu déclares à ceux qui t’entourent : « Je vais m’éloigner de vous et être seul pour mieux m’adonner