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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/356

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tonnerre qui grondait depuis le matin se rapprochaient. Le soleil brûlait.

Des membres du Conseil, citoyens renommés, vêtus de longues robes de drap rouge, pareilles aux antiques toges romaines, sortirent du Palazzo Vecchio.

— Signori ! signori ! répétait un vieillard, le nez chevauché par des lunettes rondes, une plume d’oie derrière l’oreille, le secrétaire du Conseil. La séance n’est pas terminée, venez, on réunit les voix…

— Au diable leurs voix ! cria un des citoyens. J’en ai assez. Mes oreilles se dessèchent à entendre leurs sottises.

— Et qu’attendent-ils ? observa un autre. S’ils désirent tellement être brûlés, qu’on les lâche dans le feu et que tout soit dit !

— Permettez, c’est un meurtre…

— Des bêtises ! Quel malheur qu’il y ait deux imbéciles de moins sur la terre !

— Vous dites, ils brûleront ? Soit. Mais il faut qu’ils brûlent selon les lois de l’Église. C’est une question délicate, théologique…

— Alors, que le pape décide.

— Il ne s’agit ici ni du pape ni des moines. Nous devons penser au peuple, signori. Si l’on pouvait rétablir le calme dans la ville par cette épreuve, il ne faudrait pas hésiter d’envoyer non seulement dans le feu, mais aussi dans l’eau, dans l’air, sous terre, tous les moines et tous les curés !

— Dans l’eau… c’est suffisant. Mon avis est qu’on prépare une cuve et qu’on y plonge les deux moines.