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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/357

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Celui qui sortira sec de l’eau aura raison. Et, au moins, ce n’est pas une épreuve dangereuse.

— Avez-vous entendu, signori ? dit Paolo. Notre pauvre fra Juliano Rondinelli a été pris d’une telle panique qu’il en est tombé malade. On a dû le saigner.

— Vous plaisantez toujours, messer, dit un vieillard au visage intelligent et triste. Moi, quand j’entends les premiers citoyens de la ville tenir de pareils discours, je me demande ce qu’il vaut mieux, vivre ou mourir. Car, en vérité, quelle serait la stupéfaction de nos ancêtres, fondateurs de cette ville, s’ils pouvaient voir jusqu’à quelle ignominie ont atteint leurs descendants !

Les commissaires continuaient leurs pourparlers qui semblaient ne pas devoir prendre fin.

Les franciscains assuraient que Savonarole avait ensorcelé l’habit de Domenico. Il l’enleva. Alors, on affirma que le sortilège pouvait se rapporter aux vêtements inférieurs. Domenico entra dans le palais et, s’étant mis entièrement nu, endossa la robe d’un autre moine. On lui défendit de s’approcher de Savonarole, afin que celui-ci ne puisse à nouveau user d’enchantements. On exigea également qu’il déposât la croix qu’il tenait dans ses mains. Domenico y consentit, mais déclara qu’il n’entrerait dans le feu que portant le saint sacrement. Alors, les franciscains objectèrent que les élèves de Savonarole voulaient brûler la chair et le sang du Christ. En vain Domenico et Savonarole tentaient de prouver que le saint sacrement ne peut