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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/359

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plus songer au duel du feu : le passage entre les deux murs de bûchers s’était transformé en torrent tumultueux.

— Voilà bien les moines ! riait la foule. En allant dans le feu, ils sont tombés dans l’eau. Le voilà, le miracle !

Un détachement de soldats accompagnait Savonarole à travers la populace furieuse.

Le cœur de Beltraffio se serra lorsqu’il vit, sous la pluie fine, le frère Savonarole marcher d’un pas précipité et trébuchant, voûté, le capuchon rabattu sur les yeux, ses vêtements blancs souillés de boue. Léonard remarqua la pâleur de Giovanni et, le prenant par la main, comme le jour du « bûcher des vanités », il l’emmena hors de la foule.


IV

Le lendemain, dans cette même pièce de la maison Berardi pareille à une cabine de navire, l’artiste démontrait à messer Guido la stupidité des assertions de Christophe Colomb au sujet du Paradis, soi-disant situé sur le mamelon d’une terre en forme de poire.

Tout d’abord, Berardi l’écouta attentivement, répliqua, discuta. Puis subitement il se tut et s’attrista, comme si les vérités de Léonard l’eussent fâché. Il se