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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/360

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plaignit de ses douleurs, et se fit transporter dans sa chambre.

— Pourquoi l’ai-je peiné ? songea l’artiste. Il ne veut pas de la vérité ; comme les élèves de Savonarole, il lui faut le miracle !

Dans l’un de ses cahiers de notes qu’il feuilletait distraitement, il lut ces lignes écrites le jour mémorable où la populace brisait la porte de sa maison en exigeant le Clou sacré :

« Oh ! que ta justice est merveilleuse, Premier Moteur ! Tu n’as voulu priver aucune force de son ordre et de ses qualités indispensables : car si elle doit pousser un corps à cent coudées et qu’elle rencontre un obstacle sur son chemin, tu as commandé que la force du coup produisît un nouveau mouvement, recevant en échange du chemin non parcouru différents heurts et diverses secousses. Ô divine nécessité, Premier Moteur, qui obliges, par tes lois, toutes les conséquences à découler par la voie la plus rapide de la cause. Voilà le miracle ! »

Et se souvenant de la Sainte Cène, du visage du Christ, qu’il cherchait toujours et qu’il ne trouvait pas, l’artiste sentit qu’entre ces pensées sur le Premier Moteur, sur la Divinité indispensable, et la parfaite sagesse de Celui qui avait dit : « L’un de vous me trahira », il y avait corrélation.

Le soir, Giovanni vint le voir et lui conta les événements de la journée.

La Seigneurie avait ordonné à Savonarole et à Domenico de quitter la ville. Apprenant qu’ils tardaient à