s’exécuter, les « enragés », armés, traînant des canons et suivis d’une foule innombrable, avaient cerné le couvent de San Marco, envahi la chapelle au moment des vêpres. Les moines se défendirent avec des cierges allumés, des candélabres, des crucifix de bois et de bronze. Dans la fumée de la poudre et la lueur de l’incendie, ils semblaient risibles comme des pigeons furieux, terribles comme des diables. L’un d’eux avait grimpé sur le toit de l’église et lançait des pierres. L’autre avait sauté sur l’autel et se tenant devant la croix, tirait avec une arquebuse, criant après chaque coup : « Vive Christ ! » On prit le monastère d’assaut. Les moines suppliaient Savonarole de fuir. Mais il s’était rendu ainsi que Domenico. On les avait emmenés en prison.
En vain les gardes de la Seigneurie voulaient ou feignaient de vouloir les défendre contre les injures de la populace.
Les uns souffletaient par derrière Savonarole et ricanaient :
— Devine, devine, homme de Dieu, devine qui t’a frappé !
D’autres se traînaient devant lui à quatre pattes, comme s’ils cherchaient quelque chose dans la boue, et grognaient :
— La clef, la clef, qui a vu la clef de Girolamo ? faisant allusion à « la clef » dont il parlait souvent dans ses prêches, la clef dont il menaçait d’ouvrir le coffret secret des abominations romaines.
Les enfants, anciens soldats de l’armée sacrée, les