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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/368

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Léonard adressa un dernier regard suppliant au duc, qui souriait en fronçant les sourcils. La comtesse Cecilia le menaça du doigt.

— Ils se fâcheraient, peut-être, songea l’artiste. J’ai à demander de l’argent pour le bronze de mon Colosse. Eh ! tant pis ! Je vais leur parler de ce qui me passera par la tête – pourvu qu’ils me laissent tranquille.

Désespéré, mais résolu, il monta à la tribune et examina la savante assistance.

— Je dois prévenir Vos Excellences, commença-t-il balbutiant et rougissant comme un écolier – c’est pour moi tout à fait imprévu… simplement sur l’insistance du duc… Non, je veux dire… il me semble… en un mot… je vais vous entretenir des coquillages.

Il commença à parler des animaux aquatiques pétrifiés, des empreintes de plantes et de coraux, trouvés dans des cavernes, sur des montagnes, loin de la mer – témoins ultra-antiques des transformations subies par la Terre – puisque là où se trouvent maintenant les plaines et les montagnes, il y avait deux océans. L’eau, moteur de la nature, son automédon, crée et détruit les montagnes. En s’approchant du milieu des mers, les bords grandissent et les mers intérieures se dessèchent peu à peu, ne formant plus que le lit d’une rivière se jetant dans l’Océan. Ainsi le Pô ayant desséché la Lombardie, en fera de même avec l’Adriatique. Le Nil ayant transformé la Méditerranée en plaines sablonneuses, semblables à celles de l’Égypte et de la Lybie,