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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/448

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en apparence seulement : le peuple détestait Trivulce pour sa violence et sa ruse. Les partisans de Ludovic soulevaient la populace, répandaient des lettres anonymes. Ceux qui, dernièrement, poursuivaient le fuyard de leurs moqueries et de leurs injures, maintenant songeaient à lui comme au meilleur des souverains.

Dans les derniers jours de janvier, la foule démolit, près de la porte de Ticinese, les baraquements des percepteurs d’impôts français. Le même jour, à la villa Lardirago, près de Pavie, un soldat français abusa d’une jeune paysanne lombarde. En se défendant elle l’avait frappé d’un coup de balai en plein visage. Le soldat la menaça de sa hache. Aux cris de la fille, le père accourut armé d’un bâton. Le Français tua le vieillard. La foule rassemblée tua le soldat. Les Français massacrèrent les habitants et réduisirent la commune en cendres. À Milan, cette nouvelle produisit l’effet d’une étincelle dans un amas de poudre. Le peuple envahit les places, les rues, les marchés, en criant furieusement :

— À bas le roi ! À bas le lieutenant ! Mort aux Français ! Vive le More !

Trivulce avait trop peu d’hommes pour pouvoir se défendre contre une population de trois cent mille âmes. Ayant fait établir les canons sur les tours, les gueules dirigées sur la foule, avec ordre de tirer au premier signal, il sortit, désirant faire une dernière tentative de conciliation. La populace faillit le lapider, le bloqua dans l’hôtel de ville, et l’eût mis à mort si n’était