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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/450

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service des Français, était passé au camp des révoltés et, durant la nuit, avait ouvert les écluses des canaux qui alimentaient les fossés du fort. L’eau avait monté, détruit le moulin du parc Rocchetto, pénétré dans les caves où étaient amoncelés la poudre, l’huile, le pain, le vin et autres fournitures ; si bien que si les Français, à grand-peine, n’avaient pu sauver une partie de ces provisions, la faim les aurait forcés à se rendre – ce sur quoi comptait messer Luigi. Au moment de l’inondation, les canaux voisins de ceux du fort avaient débordé dans la partie basse de Porta Vercellina et recouvert les marais où se trouvait le couvent delle Grazie. Fra Luca communiqua à l’artiste ses craintes au sujet de la Sainte Cène et proposa à Léonard d’aller voir avec lui si le tableau n’avait subi aucun dégât.

Avec une indifférence feinte, Léonard répondit qu’il n’en avait guère le temps en ce moment et que la Sainte Cène n’avait pu être atteinte, car elle était placée à un endroit trop élevé ; l’humidité ne pouvait lui avoir occasionné aucun tort.

Mais dès que Paccioli fut parti, Léonard courut au couvent.

En entrant dans le réfectoire, il vit, sur le parquet de brique, de larges plaques, restes de l’inondation. Cela sentait l’humidité. Un moine lui dit que l’eau avait monté à un quart de coudée.

Léonard s’approcha du mur de la Sainte Cène.

Les couleurs paraissaient nettes.

Transparentes, tendres, non pas aqueuses comme