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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/482

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Un siècle avant sa naissance, les fondateurs de la maison Vinci étaient déjà les mêmes, honnêtes, économes et dévots employés au service de la commune florentine, comme l’était son père messer Piero.

Devant lui se dressait le souvenir de son aïeul Antonio, dont la sagesse était en tous points semblable à celle de son petit-fils Lorenzo.

Il apprenait aux enfants à n’aspirer à rien d’élevé – la gloire, les honneurs, les charges de l’État ou de la guerre –, ni à la trop grande richesse, ni à la trop haute science.

« S’en tenir à la juste moyenne en tout, disait-il, voilà la voie la plus certaine. »

Après une absence de trente ans, assis sous le toit familial, écoutant hurler le vent et suivant des yeux l’agonie des tisons dans les cendres, l’artiste songeait que toute sa vie à lui n’avait été qu’une longue infraction à la sagesse de l’aïeul, le superflu illégal que, selon son frère Lorenzo, la déesse de la Modération devait trancher de ses ciseaux de fer.


III

Le lendemain, de bonne heure, Léonard sortit sans éveiller le jardinier, et traversant le pauvre village de Vinci se dirigea vers le village voisin d’Anciano, en suivant le rude raidillon à travers la montagne.