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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/481

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Mais lorsque grandirent ses deux fils aînés, légitimes ceux-là, Antonio et Juliano, dans la crainte que le père ne fît une part dans l’héritage à l’aîné, ils cherchèrent mille moyens pour évincer Léonard. Lors de la dernière entrevue, celui-ci s’était senti étranger dans la famille. Le plus jeune des fils, Lorenzo, témoigna une particulière tristesse au sujet des bruits qui circulaient sur l’impiété de Léonard. Tout jeune, presque un gamin, ancien disciple de Savonarole, vertueux et économe, il était commis à la corporation des lainiers. À plusieurs reprises il amena, devant son père, la conversation avec l’artiste sur la religion chrétienne, la nécessité de la pénitence, de l’humilité, les opinions hérétiques des philosophes, et au moment des adieux lui fit cadeau d’un livre de sa composition.

Maintenant, assis auprès de la cheminée familiale, Léonard tira de sa poche ce livre écrit d’une fine écriture de commerçant appliqué :

Tavola del Confessionario descripto per me, Lorenzo di ser Piero da Vinci, fiorentino, mandata alla Nanna, mia cogniata.

(Livre de confession, composé par moi Lorenzo de messer Pierre de Vinci, Florentin, dédié à Nanna, ma belle-sœur.)

De ce livre émanait l’esprit de bourgeoise piété qui avait entouré les premières années de Léonard et régnait dans la famille, transmis de génération en génération.