clients dans le petit cabaret de Campo della Torracia, afin d’arroser la convention.
Ser Piero, homme simple, aimable et poli même avec ses inférieurs, accepta volontiers. Catarina les servit. Le jeune notaire, comme il l’avoua plus tard, s’éprit d’elle au premier regard. Sous prétexte de chasse aux cailles, il différa son départ et, devenu un habitué régulier de l’auberge, courtisa Catarina, beaucoup moins accessible qu’il ne l’avait prévu. Mais ser Piero avait la réputation de conquérir les cœurs féminins. Il avait vingt-quatre ans, s’habillait d’une façon élégante, était beau, adroit, fort, et possédait l’éloquence amoureuse persuasive qui charme les femmes simples.
Catarina résista longtemps, priait la Sainte Vierge de la secourir, puis enfin elle céda. À l’époque où les cailles de Toscane s’envolent vers Nievole, elle devint enceinte.
La nouvelle de la liaison de ser Piero avec une pauvre orpheline, servante d’auberge à Anciano, parvint à ser Antonio da Vinci. Il menaça son fils de sa malédiction, le renvoya incontinent à Florence et, l’hiver suivant, le maria à madonna Albiera di ser Giovanni Amadori, ni trop jeune ni trop jolie, mais de bonne famille et fort bien dotée. Quant à Catarina, il lui fit épouser un de ses ouvriers, pauvre paysan de Vinci, Accatabriga di Piero del Vacca, homme âgé, taciturne, de caractère difficile, qui, disait-on, avait par ses brutalités d’ivrogne conduit sa première femme à la tombe. Tenté par les trente florins promis et un lopin