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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/485

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de champ d’oliviers, Accatabriga ne dédaigna pas de couvrir de son nom le péché d’autrui. Catarina se soumit. Mais de chagrin, elle tomba gravement malade et faillit mourir des suites de ses couches.

Comme elle n’avait pas de lait pour nourrir le petit Léonard, on prit une chèvre du mont Albano. Piero, en dépit de son amour sincère pour Catarina, se soumit également, mais supplia son père de prendre chez lui Léonard et de l’élever. En ce temps-là, on n’avait point honte des bâtards, qu’on élevait à l’égal des enfants légitimes, et même souvent on les préférait. L’aïeul consentit, d’autant plus volontiers que l’union de son fils était inféconde, et confia son petit-fils à sa femme, la bonne vieille grand-mère Lucia di Piero-Zozi da Bacaretto.

Ainsi Léonard, fils de l’union illégale du jeune notaire florentin et de la servante de l’auberge d’Anciano, entra dans la vertueuse et dévote famille da Vinci.

Léonard se souvenait de sa mère comme au travers d’un songe, et particulièrement de son sourire tendre, insaisissable, plein de mystère, malin, étrange dans ce visage simple, triste, sévère, presque rude. Une fois, à Florence, au musée Médicis, il avait retrouvé dans une statuette découverte à Arezzo, une petite Cybèle en bronze, ce même sourire étrange de la jeune paysanne de Vinci.

C’est à Catarina que pensait l’artiste lorsqu’il écrivait dans son Livre sur la peinture :

« N’as-tu pas remarqué combien les femmes des