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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/539

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VI

Rentré chez lui, Léonard trouva un ordre signé du secrétaire du duc qui lui commandait de se présenter le lendemain devant Son Altesse.

Luccio qui, continuant sa route sur Ancône, s’était arrêté à Fano pour se reposer et devait partir le lendemain à l’aurore, vint faire ses adieux. Nicolas parla du supplice de don Ramiro di Lorqua. Luccio lui demanda à quelle cause il l’attribuait.

— Deviner le motif des actions d’un prince tel que César est difficile, presque impossible, répondit Machiavel. Mais si vous désirez savoir ce que je pense, je vous le dirai avec plaisir. Jusqu’à sa conquête par le duc, la Romagne gouvernée par plusieurs seigneurs tyranniques était en proie aux émeutes, aux pillages et à l’oppression. César, pour y mettre fin, nomma lieutenant son fidèle et intelligent ami don Ramiro di Lorqua. Par de cruels supplices qui inspiraient une peur salutaire, il ramena promptement le calme dans la contrée. Lorsque le duc constata que le but était atteint, il décida de briser l’arme qui lui avait servi, ordonna de se saisir du lieutenant sous prétexte d’exaction, de le décapiter et d’exposer son corps mutilé sur la place. Ce spectacle satisfit le peuple et en même temps l’aveugla. Et le duc a tiré trois