Aller au contenu

Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/660

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

VI

La malchance poursuivit Léonard. Le canal conduisant l’Arno vers Pise aboutit à une déconvenue. Les ingénieurs de Ferrare en rejetèrent toute la responsabilité sur Léonard. Puis ser Piero étant venu à mourir, Léonard, étant à court d’argent, vendit ses droits d’héritage à un usurier. Ses frères lui intentèrent un procès, amassant contre lui toutes les vieilles accusations de magie, d’impiété, de sodomie, de haute trahison, de vol de cadavres dans les cimetières. À tous ces ennuis vint s’ajouter l’insuccès du tableau de la salle du Conseil.

Sa lenteur d’exécution et son dégoût pour la promptitude exigée par la peinture à fresque étaient si fortement ancrés chez lui qu’en dépit de l’avertissement donné par la Sainte Cène Léonard décida de peindre quand même avec des couleurs à l’huile la bataille d’Anghiari. Le travail, à moitié achevé, il chercha à sécher les couleurs à l’aide de brasiers perfectionnés ; mais il dut bientôt se rendre compte que la chaleur n’influait que sur le bas du tableau et que le vernis de la partie supérieure gardait toujours sa moiteur. Après de nombreux et vains efforts, il dut se convaincre enfin que son second essai de peinture murale subirait le même sort que la Sainte