jalousie qui lui rongeait le cœur, elle s’avança, sans être aperçue, jusque dans le corridor naturel. Cachée derrière la claie qui servait de porte, elle assista à l’entretien des trois amis et à leurs agapes frugales ; sans comprendre leurs paroles, la pauvre fille vit celle qu’elle considérait déjà comme sa rivale sourire à Philippe et Philippe la regarder avec admiration ; elle les vit, lui, tendre la main, et Fleur des Ondes abandonner la sienne ; enfin, elle les vit pleurer tous deux ! …
Alors, elle ne douta plus de son malheur : « Ils s’aiment, pensa-t-elle »
Ce qu’elle avait souffert de rage impuissante, de torturante angoisse, pendant des heures, suspendue à une branche oscillante, frémissant à l’aspect du danger que courait l’aimé ; tout cela n’était rien auprès de ce qu’elle endura, blottie à quelques pas de Philippe dont elle entendait la voix, dont elle contemplait le visage et dont elle sentait le cœur à jamais éloigné du sien.
Ah ! traitre, songeait-elle. Sa pensée était à une autre, et il m’a dit : « Ne doute pas de mon cœur ! » La Source ne pouvait imaginer la rencontre fortuite du jeune Français avec sa cousine ; elle ne supposait rien et ne cherchait pas à comprendre, ne concevant qu’une chose : elle n’était pas aimée.
Elle regarda les jeunes gens s’étendre sur les lits de branches, et leur protectrice dans sa