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la résignation

— « Ah ! je comprends, » reprit la vieille en montrant du doigt la tache sombre qui étoilait le sein nu : « le jeune guerrier aimait cette enfant, mais elle a repoussé sa tendresse… et il n’a pas voulu qu’elle fût à un autre » !

— « Ah que dis tu ? insensée ! Non ! je ne suis pas assez infâme pour assassiner la belle que j’aime. Oui ! je l’aime, je la voyais avec tristesse sourire au visage pâle qui n’a pas deviné la folie de la pauvre petite… Mais pour son bonheur, je me serais plutôt livré à mes ennemis. Tu n’as donc jamais aimé, ô toi qui dis de si horribles choses ? »

La vieille posa la main sur sa poitrine : — « Le miroir du lac ne reflète pas plus fidèlement la face du ciel, que mon cœur n’a gardé le souvenir de celui qui fit éclore en moi la fleur d’amour ! »

Puis, désignant la malade ;

— « Elle vit encore, mais hâtons-nous ! Emporte-la dans ma cabane, non loin d’ici ; je la ranimerai avec la plante de marais ».

Le Carcois reprit son fardeau, et doucement, en évitant toute secousse, se remit en marche.

Après quelques instants, il entrait à la suite de son guide dans une misérable hutte, et déposa La Source sur le sol, lui appuyant la tête sur son genou et la soutenant avec précaution. En peu de temps, grâce aux soins qu’on lui prodigua, la blessée ouvrit les yeux. Elle reconnut son ami, lui sourit, et dit faiblement :