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prologue

Le bois résineux crépitait en fusant des étincelles ; et, dans la pénombre, la flamme dansante éparpillait du rayonnement autour de la belle oisive. La pierre de sa bague, l’agrafe en diamant de son fichu, le peigne d’écaille qui retenait son opulent chignon rutilaient tour à tour de sautillements fugaces ; c’était un merveilleux émiettement d’étoiles.

Samuel et Olivier furent ravis.

La jeune fille n’avait pas tourné la tête. Son frère fut obligé de l’interpeller.

« Ma chère Mercédès, voici Monseigneur le comte de Savigny qui vient nous demander une place au coin du feu. »

Elle regarda les deux gentilhommes avec étonnement, sourit et tendit la main. « Je me réjouis d’une circonstance qui nous procure l’avantage de votre visite, » dit-elle. Puis, ayant indiqué des sièges auprès d’elle, elle continua, en s’adressant à Samuel ; « Nous sommes étrangers, mon frère et moi, dans cette contrée, et, par conséquent, un peu solitaires. La vie, parfois, me paraît monotone : tout événement qui brise cette uniformité claustrale, me fait grand plaisir. »

Jetant un regard vers son frère qui l’observait d’un air sévère et inquiet, elle ajouta : « Oh ! je suis très heureuse avec mon frère Alonzo, mais je n’en éprouve pas moins le désir de me distraire, parfois ; dans ces parages, les divertissements sont peu variés. »