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prologue

« Vous le dites avec tant de conviction, ma sœur, que vous devez convaincre ceux mêmes qui voudraient douter, interrompit Alonzo, avec un sourire forcé. »

Mercedes pinça les lèvres, et ne répondit plus.

Le comte feignit de ne pas remarquer ce visible embarras, et donna habillement à la conversation la tournure banale des propos ordinaires entre gens qui ne se connaissent pas.

Olivier étant le plus gai et le plus loquace, en fit à peu près tous les frais.

Le rigide Espagnol se dérida à la fin, et raconta qu’appartenant à la vieille famille des ducs d’Alombrès, il avait dû quitter son pays pour des raisons politiques, et qu’étant le seul protecteur de sa sœur, il lui avait sacrifié son goût pour le métier des armes. C’était d’un bon frère, et le comte Samuel se sentit d’emblée une naissante sympathie pour celui qui préférait à la gloire le devoir filial.

Pendant ce temps, l’orage semblait avoir déchaîné toute la furie des éléments. À chaque instant, la foudre déchirait les nues, rayant rapidement l’espace d’un zigzag lumineux qui portait dans le lointain, au bout de sa flèche d’or, l’incendie et la ruine.

Le ciel devint si noir, qu’il fallut allumer les bougies, et les deux gentilhommes durent prolonger leur visite. Le duc fit apporter une colla-