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prologue

« Monsieur peut être tranquille ! je guetterai moi-même dans le jardin ; quant à Rémi, il ne dort toujours que d’un œil. »

La comtesse ayant entendu arriver son beau-frère, descendit de l’air le plus naturel, souriante et remplie de sollicitude, s’informer de son voyage.

Olivier allait d’étonnement en étonnement, et se demandait si ses domestiques n’avaient pas eu la berlue. En vain cherchait-il sur les traits de la jeune femme un signe d’émotion.

« Décidément, mes gens se sont trompés, pensa-t-il. Simon couchera dans son lit, et Rémi de même. La valetaille, qui n’aime pas d’Alombrès à cause de sa parcimonie, a eu bientôt fait de transformer en drame une dispute sans conséquence. »

Quelques minutes plus tard, la châtelaine étant remontée à sa chambre, Olivier s’alla promener sur la terrasse.

Les heures qu’il passait loin de son frère lui semblaient toujours longues, mais ce soir-là elles étaient particulièrement pénibles.

L’intolérable hantise d’un malheur possible oppressait son cœur. Les nuages qui obscurcissaient le ciel avaient la couleur des voiles de deuil, et le coassement des grenouilles dans l’étang voisin résonnait à son oreille comme une plainte lugubre. L’homme heureux qui jusque là avait considéré la vie à travers sa joyeuse humeur, pressentait que le destin a parfois des