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prologue

Les maîtres allaient devant, suivis de près par leurs valets.

Et c’était un spectacle lugubre que de voir passer dans l’ombre ce groupe silencieux. La préoccupation des uns semblait avoir gagné les autres, et personne n’osait parler, par crainte de troubler la rêverie de son voisin.

Après avoir dépassé les dernières maisons du village, ils mirent leurs montures au galop, et à l’aurore, arrivèrent en face du château, à l’heure où les domestiques s’acquittaient des tâches matinales qui sont le prélude de la vie quotidienne. Tous furent étonnés et ravis de revoir le comte qu’ils croyaient parti pour plusieurs jours ; mais en constatant l’altération de ses traits, sa pâleur et son indifférence, ces braves gens se disaient : — « Notre bon maître est malade ! »

Le serviteur de la comtesse, le même qui avait accueilli Samuel et son frère, à leurs premières visite chez le duc d’Alombrès, alla prévenir sa maîtresse.

Chaussée d’élégantes mules, enveloppée d’un déshabillé en velours marron, elle descendit hâtivement l’escalier d’honneur, tandis que les voyageurs entraient dans la grande salle.

Sans remarquer l’étranger, elle courut au-devant de son mari, ne comprenant rien à son brusque retour.

Doucement, mais avec énergie, il la repoussa :

— « Regardez bien cet homme ! » dit-il en lui