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la grotte

chaleur parfumée. La lueur mouvante de ce bûcher ajoutait son caprice à la féerie locale : lorsque montait un bouquet d’étincelles, les parois de la grotte s’illuminaient d’une rutilance fugace ; on eût dit des étoiles jouant à cache-cache dans les insondables profondeurs de la nuit.

Énervés par tant d’émotions, les deux amis éprouvèrent un vif saisissement devant ce spectacle magnifique. Ils entendirent au-dessus d’eux le volettement de multiples ailes et des piaillements angoissés ; au même moment, un grand animal gris sortit de la pénombre et s’avança lentement. Paul, qui en était le plus près, eut un mouvement de surprise.

La jeune femme le remarqua et dit : « C’est un beau caribou que j’aime bien ». Elle caressa la gentille bête. Puis montrant la voûte : « Notre entrée a réveillé mes amis ailés ; mais, après leur salut de bienvenue ils se rendormiront. Je connais leurs coutumes, je vous assure ».

Devinant, sans doute, le trouble de ses hôtes, elle ajouta : « Je vais faire de la lumière, vous vous y reconnaîtrez mieux  ».

Prenant deux torches, elle les alluma à la flamme du bûcher, et les planta chaque côté de la porte, dans des cavités pratiquées à cette fin. Ce subit éclairage rompit brutalement le charme : les consoles enguirlandées, les chapiteaux divinement ciselés, les rosaces merveilleuses s’évanouirent ;