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la grotte

Eux ne songeaient point à s’éloigner. Brisés par la fatigue et les émotions violentes qu’ils avaient éprouvées, ils subissaient la réaction ; pris de lassitude, ils savouraient la douceur du repos.

La jeune fille alla prendre, près de l’un des divans primitifs, quelques albums aux feuillets d’écorce de bouleau argenté, taillés régulièrement et reliés entre eux par de minces éclisses de frêne ; les posant sur la table, elle dit : « Voilà tout ce que je puis vous offrir comme distraction ! »

Tandis qu’elle allait à ses occupations, les deux amis se mirent à tourner les pages avec curiosité. Il y avait là des esquisses en couleur représentant des coins de paysage, des têtes d’indiens et des fleurs.

La maîtresse du logis s’était éloignée vers le fond de la caverne ; et, déplaçant une claie semblable à celle qui fermait l’entrée, mais plus petite, elle démasqua une cavité de quatre ou cinq pieds, habilement utilisée en garde-manger, d’où elle tira deux canards parés et prêts à mettre à la broche, un pain de farine grossière cuit sous la cendre ; puis elle posa sur la table une dame-jeanne remplie de gros vin, trois assiettes, et trois gobelets en terre cuite ; quelques couteaux en silex complétèrent le service.

Tout en s’occupant de ces menus soins, elle continuait à converser. S’approchant de temps en temps la mystérieuse jeune fille nommait