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la grotte

Maintenant qu’elle entendait dans son gîte le doux parler si cher au mort vénéré, qu’elle voyait auprès d’elle des hommes ayant ses goûts et ses mœurs, une vie nouvelle activait son sang : les roses de ses joues avaient refleuri et le plaisir avivait l’éclat de sa prunelle.

— « Madame, dit Philippe, il y a donc encore des fées bienfaisantes, sur cette terre ? Tout ce qui m’est arrivé depuis quelques heures, me fait croire que je rêve : après le cauchemar du bûcher, la griserie de la grotte enchantée. Par pitié, dites qui vous êtes, où nous sommes, et si tout ceci n’est pas un songe, ajouta-t-il, en montrant ce qui l’entourait ».

— « Pour un songe, ce serait trop modeste, interrompit la jeune fille : vous êtes simplement dans la demeure d’une pauvre métis. Mon histoire est courte et peu compliquée : on m’appelle Fleur des Ondes, et je suis née dans cette forêt, d’un père français et d’une mère iroquoise.

Je n’avais que cinq ans, lorsque ma mère mourut. J’ai été élevée par mon père qui m’a enseigné sa langue et ce qu’il a pu, dans notre isolement, des mœurs de son pays. Depuis que j’ai eu le malheur de le perdre, j’ai vécu solitaire, sans autre amis, qu’un caribou, les oiseaux du ciel, et une vieille Algonquine qui fut prise par les Iroquois et que je me fis donner pour la soustraire au supplice. Elle m’en témoigne une