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la grotte

lant dans la manche de son habit la seule arme qu’il possédât : un poignard. Le chef — toujours reconnaissable à son costume et aux plumes qui ornent sa tête — conduisant une jeune fille par la main, fit un long discours, dont mon père devina plutôt le sens à la mimique de l’orateur ; plus tard, il apprit que cette enfant était une orpheline de qualité, fille d’un chef illustre par sa bravoure et sa sagesse. La nation venait, solennellement l’offrir au Démon des Mers, puisqu’il s’était montré favorable en acceptant leurs présents. Mon père était libre ; cette enfant de la forêt paraissait douce et bonne : il l’épousa… Et c’est dans cette caverne que je suis née, du mariage de Lueur d’Aurore avec celui que les Iroquois ont toujours appelé le Démon des Mers, et qui fut en France le comte Samuel de Savigny ».

« Le comte Samuel de Savigny ? » s’exclama, Philippe, « ce frère de mon père, mystérieusement disparu et si tendrement regretté ? »

La jeune fille devint pâle comme un marbre : « Alors, vous êtes mon cousin » ?

— « Oui, votre cousin ! » et lui prenant la main, il ajouta avec attendrissement : « mais je serai un frère dévoué, je vous le jure » !

Le jeune homme raconta alors que, devenu chef de la famille, par la disparition de son frère, Olivier de Savigny attendit plus de trois ans, dans l’isolement le retour de Samuel.