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Page:De Montreuil - Fleur des ondes, 1912.djvu/95

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la grotte

Il songea ensuite à fonder une famille. Une autre comtesse de Savigny vint s’asseoir au foyer ancestral : « Celle-là est française et digne de toute vénération, ajouta-t-il. Ma mère vous aimera, je m’en porte garant. »

— « Ô mon père : » fit-elle avec exaltation, « vous avez veillé sur moi ; votre cœur a vu clair dans l’avenir, lorsque vous me disiez : “Espère, mon enfant, il viendra des hommes de mon pays sur cette terre lointaine ; car la France est toujours en avant pour montrer la voie aux nations civilisées.” Oh ! voir le pays de mon père, la France si chère à son âme de patriote ; ne plus être seule, sans ami !… Cela me semble un rêve trop beau, j’ai peur de le voir s’évanouir. »

Elle était si émue que son cousin s’en inquiéta :

— « Non ! vous ne serez plus jamais seule, puisque je serai toujours là, moi, pour vous protéger ».

— « Ah ! reprit la jeune fille, comment vous payerai-je jamais le bonheur que vos généreuses paroles ont mis dans mon âme » ?

— « Oubliez-vous donc si vite que vous m’avez sauvé de la plus horrible mort ? répondit Philippe en essayant d’être gai ».

— « Bah ! dit à son tour Paul, en voilant de bonne humeur son émotion, à vingt ans on peut compter sur l’avenir ; laissez-lui le soin de vos mutuelles créances ».

Cette boutade changea le cours de la conver-