Page:De Pisan - Œuvres poétiques, tome 1.djvu/119

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Or seray gay trop plus que ne souloie,
Et bien est drois que vive liement ;
Car tant me plaist que vostre amour soit moye
Que, se le monde estoit mien quittement,
Mieulz vouldroie je perdre entierement
Que vostre amour, ou me vueil asservir ;
Hé Dieux me doint pouoir du desservir !


LXVIII



Dame, oncques mais je ne vous vi
Que maintenant ; mais, sanz mentir,
Mon cuer avez du tout ravi
A tousjours mais, sanz departir.
Si me fauldra mains maulz sentir,
Se m’escondissiez ; ce vous pry.
Dame, pour Dieu, mercy vous cry.

Grandement m’arez assouvi,
S’il vous plaist a moy consentir
Vostre amour, et je vous plevi
Que tout vostre, sanz alentir,
Suis et seray, n’en quier partir.
A jointes mains je vous depry ;
Dame, pour Dieu, mercy vous cry.

Durement m’ara asservi,
Vostre beaulté qui amatir
Fera mes ris, et assouvi
Sera mon bien ; se assentir