Page:De Pisan - Œuvres poétiques, tome 1.djvu/132

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LXXXII



Doulce dame, vueilliez moy pardonner
Se demouré ay un pou longuement
Car je n’ay peü plus tost retourner,
Dont me desplaist ; car trop d’empeschement
M’est survenu, mais croiez fermement
Que vostre suis, ou soie près ou loings,
Le dieu d’amours m’en soit loial tesmoins.

J’ay bien cuidé la ma vie finer,
Tant eus de mal pour le departement
De vous, trés belle, et, sanz joye mener,
J’ay la esté trés le commencement
Jusqu’a la fin ; car resjouïssement
Je n’ay sanz vous, fors mal et tous besoings,
Le dieu d’amours m’en soit loial tesmoins.

Or suis venu, vueillez moy ordener
Vostre vouloir, car vo commandement
Vueil obeir, et je me doy pener
De vous servir ; ne feray autrement
Tant quan vivray, sachiez certainement.
Car la sont tous mes pensers et mes soins,
Le dieu d’amours m’en soit loial tesmoins.