Page:De Pisan - Œuvres poétiques, tome 1.djvu/137

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LXXXVII



Puis qu’ainsi est que je ne vous puis plaire,
Ma belle amour, ma dame souveraine,
Pour nul travail que mete a vous complaire,
Je n’y fais riens fors que perdre ma peine ;
Ainçois me lairiez mourir,
Que daignissiez le mal que j’ay garir.
Si ne vueil plus vous faire l’anuieux,
A Dieu vous di, gracieuse aux beaulz yeux.

Ce poise moy, quant je ne puis attraire
Vostre doulz cuer, car je vous acertaine
Que se pleü vous eüst mon affaire,
Oncques plus fort Paris n’ama Heleine[1]
Que feisse vous ; mais pourrir
Y pourroie attendant que merir
Me deüssiez ; et pour ce, pour le mieulx,
A Dieu vous di, gracieuse aux beaulz yeulx.

Et non pourtant ne m’en vueil si retraire,
Que s’il est riens, de ce soiez certaine,
Que je puisse pour vous dire ne faire
A vostre gré, dame de doulçour pleine,
Je le feray, mais perir
Me laisseriez ainçois que secourir
Me voulsissiez ; pour ce, ains que soie vieulx,
A Dieu vous di, gracieuse aux beaulz yeulx.

  1. Note Wikisource : voir un erratum en p. 319.