Page:De Pisan - Œuvres poétiques, tome 1.djvu/304

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Sy mon cuer que desmouvoir
Ne l’en puis ; d’autre part traire
Luy vient Amours qui ravoir
Le veult, et force et sçavoir
M’ostent, n’il n’y a mesure,
Dont par tel mal recepvoir
Je mourray se m’estes dure.

S’il vous plaise vers moy traire
Pitié qui face esmouvoir
Vo cuer, par quoy vous puist plaire
M’amer, car si mon devoir
Feray, sans m’en desmouvoir
De vous servir, je vous jure,[1]
Mais bien vous faiz assavoir :
Je mourray se m’estes dure.

Ma dame, corps, ame, avoir
Est tout vostre, ayez en cure ;
Puis que ne Ten puis ravoir,
Je mourray se m’estes dure.



XLI


Merveilles est et seroit fort a croire
Es estranges contrées qu’il peust estre,
Qu’en ce pays, qui de longue memoire
Est renommé en honnour sur tout estre.
Que vérité, depuis le greigneur maistre
Jusqu’au petit, si a paine trouvée[2]
Fust comme elle est, c’est bien chose senestre
Qu’en France soit si mençonge eslevée.

  1. XL. — 22 A2 le v. j.
  2. XLI. — 6 A1 Jusques au p.