Page:De Pisan - Œuvres poétiques, tome 1.djvu/335

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Helas ! dame, puis que Pymalion,
Aussi Pirra et Deücalion,
Ains que fondé fust le noble Ylion,
Amolierent
Pierres dures, n’ayez cuer de lyon[1]
Et sanz pitié vers moy ; ains alion
Noz deux vrays cuers et ne les deslion
De leurs jointures
Jamais nul jour pour nulles aventures ;
En loiaument amer soient noz cures,
Et noz amours savoureuses et pures
Apalion,
Si bien que les desloiales pointures
De mesdisans, et leurs fausses murmures,[2]
Ne nous soient ne nuisables ne sures,
Si nous celion.

Et vous vueille, ma dame, souvenir
Que de ce fait ainsi ne puist venir
Com retraire j’oÿ et maintenir
Que il avint
D’un vray amant qu’Amours si voult tenir
En ses durs las et tant lui maintenir,
Que hors du sens lui convint devenir,
Et a tant vint
A la parfin que morir lui convint
Par trop amer, mais pour riens qu’il avint
A sa dame nulle pitié n’en vint,
Ne retenir
Ne le daigna n’en vie soustenir,
Ainçois le voult la crueuse banir
D’environ soy pour lui du tout honnir,
Dont mort soustint.

  1. I. — 117 B neis c. de l.
  2. — 126 A2 Des m.