Page:De Pisan - Œuvres poétiques, tome 1.djvu/343

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M’a fait amer qu’ouyr n’en puis nouvelle,[1]
Se par pitié ne me vient, pour ce a elle
Seule m’en claim.

Mais puis qu’Amours a voulu consentir
Qu’en si hault lieu me meisse sanz mentir,
Je ne croi pas, quoy que soie martir,
Qu’au lonc aler[2]
Ne resveille Pitié qui departir
Face le mal dont suis au cuer partir.
Si me couvient, quoy que j’aye a sentir,
Tout mon parler,
Mes faiz, mes diz, sanz riens lui en celer,
A vraye amour adrecier, qui voler
En vo doulx cuer vueille et vous reveler
Comment ne tir
Fors a tout bien ; ainsi s’Amour mesler
S’en veult, plus n’ay besoing de m’adouler,
Or vueille tost vo doulx cuer appeler
Et convertir.

Si couvient dont qu’a Amours m’en attende,
Lui suppliant qu’a mon secours entende,
Et a Pitié qui sa doulce main tende
Pour redrecier
Mon povre cuer, car rien n’est qu’il attende[3]
Fors que la mort qui son las corps estende
Dedens briefs jours ; pour ce lui pry qu’il tende
A avancier
Ma garison, et se vueille adrecier
Par devers vous, ma dame, et ne laissier
Vo cuer en paix jusqu’à ce qu’eslaissier,[4]

  1. 126 A2 que o.
  2. — 132 A2 Que au
  3. — Les vers 149 et 151 se trouvent répétés dans le manuscrit, avec cette variante pour le vers 151 « Dedens briefs jours si luy pry qu’il attende »
  4. — 155 A2 jusque a