Aller au contenu

Page:De Pisan - Œuvres poétiques, tome 1.djvu/90

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


XXXIX



Qui a mal, souvent se plaint ;
Car maladie le doit,
Et pour ce sont mi complaint
4Doulereux, car chascun voit
Comment tourmentée suis
Pour amer, et ma doulour
Nullement celer ne puis ;
8Il en pert a ma coulour.

On cognoist bien qui se faint ;
Car qui grant griefté reçoipt,
Le visage en a destaint.
12Se le cuer est fort destroit,
Et pour ce mes griefs anuis
Amenrissent ma vigour,
Car repos n’ay jour ne nuys ;
16Il en pert a ma coulour.

Mais cil, par qui j’ay mal maint,
Ne scet, ne cognoist, ne voit
Comment mon cuer est attaint ;
20Helas ! comment le sçaroit,
Car je ne le vis depuis
Demi an, mais son sejour
De la mort m’ovrira l’uis
24Il en pert a ma coulour.