Page:De Pitray - Voyages abracadabrants du gros Philéas, 1890.djvu/210

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dîner, Sagababa remit à son maître une lettre que Saindoux ouvrit avec indifférence. À peine en eut-il lu les premiers mots qu’il sauta sur sa chaise, poussa un cri sauvage et regarda tout le monde d’un air égaré.

— Qu’y a-t-il, mon cher ? s’écria Polyphème avec inquiétude.

— Tenez, lisez cela, dit Philéas d’un air lugubre, et dites-moi si ce qui m’arrive n’est pas épouvantable ? Être condamné à savoir ma chevelure dans un musée de gredins, quelle destinée !

Sans rien comprendre à ces lamentations, Polyphème ouvrit la lettre et lut ce qui suit :


« Touzours ser cousin,

« Votre essélente idée de vous faire raser la tête m’a donné gain de cause. L’estimable barbier vient de m’apporter, sur ma demande formelle et sur ma promesse d’une risse récompense, les magnifiques seveux que vous auriez pu me fournir gratis (sans reproce), mais enfin ze les ai et ze vais les préparer scientifiquement afin de faire zouir de cette vue remarquable et instructive le zenre humain tout entier. Pour commencer, ze vais les exhiber sez Mme Tussaud, au musée de curiosité de Londres. Quoiqu’elle montre surtout les figures de cire des malfaiteurs célèbres, ce sera néanmoins une bonne occasion, pour cette bonne dame, de gagner de l’arzent, et pour moi ze ferai ainsi connaître scientifiquement ce cas admirable ; mais comme il n’est pas zuste de vous voler votre gloire, cette belle sevelure sera ornée de l’inscription suivante :