Page:De Pitray - Voyages abracadabrants du gros Philéas, 1890.djvu/77

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une cavalcade de singes qui arrive. C’était comme aux sept p’tites chaises[1], ainsi que disent les porcman[2] ; vous savez, ceux qui s’occupent des chevaux élégants. Il y avait un jockey bleu, un jockey jaune, et un jockey vert pomme ; ce n’est pas tout, il y avait aussi une guenon en amazone rouge ; oh ! mais, un amour de guenon ! avec une belle toque à plumes blanches, des gants à manchettes et un toupet magnifique de faux cheveux, rouge carotte. Tous ces singes montaient des petits chevaux, noirs comme de la suie et méchants comme des diablotins. À un signal des écuyers, clic, clac ! les chevaux bondissent, les singes se cramponnent à la crinière et broum ! les voilà partis ! Tout le monde riait, car vrai, c’était cocasse ! les pauvres singes avaient une peur de chien ! À chaque barrière sautée, ils glapissaient en désespérés. Chaque fois qu’ils passaient près des écuyers, armés de leurs grands fouets, ils les regardaient en faisant des grimaces de frayeur qui nous faisaient pâmer ! Tout d’un coup, on entend un couic !… C’était le pauvre jockey jaune qui avait tourné avec sa selle sous le ventre de son cheval. Ça vexait le poney, qui voulait s’en débarrasser parce que le singe le chatouillait en se cramponnant à lui ; mais il avait beau ruer, ça n’y faisait rien. Le jockey jaune était plus mort que vif et pinçait le cheval. Pour lors, voilà-t-il pas que le poney, furieux, se met à marcher sur ses pieds de derrière ! En voyant cela, le singe se rassure et s’élance par terre. En sautant, il tombe sur le nez du cheval que la guenon con-

  1. Steeple-chase, course de chevaux.
  2. Sportmen.