Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/102

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la passion de Notre-Seigneur ; car à force de le regarder dans l’exercice de la méditation, toute votre âme se remplira de lui, et vous formerez votre conduite intérieure et extérieure sur la sienne. Il est la lumière du monde ; c’est donc en lui, par lui, et pour lui, que nous devons être éclairés, il est le mystérieux arbre du désir, dont parle la sainte Épouse des Cantiques ; c’est donc à ses pieds qu’il faut aller respirer un air plus doux, pour peu que le cœur se soit laissé échauffer par l’esprit du siècle, Il est la vraie fontaine de Jacob, cette source d’eau vive et pure : il faut donc aller souvent à lui pour nettoyer l’âme de toutes ses souillures. Vous le savez, les petits enfans entendant parler continuellement leurs mères, s’efforçant de bégayer avec elles, apprennent à parler la même langue ; c’est de cette sorte que nous attachant au Sauveur dans la méditation, y observant ses paroles, ses actions, ses sentimens et ses inclinations, nous apprendrons avec sa grâce à parler comme lui, à agir comme lui, à juger comme lui, et à aimer ce qu’il a aimé. Il faut s’en tenir là, Philothée, et croyez-moi, nous ne saurions aller à Dieu le Père que par cette porte, qui est Jésus-Christ, ainsi qu’il nous l’a dit lui-même, La glace d’un miroir ne peut arrêter notre vue, à moins qu’elle ne soit appliquée à un corps opaque, comme le plomb ou l’étain, De même, nous n’aurions jamais pu bien