Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/132

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qu’il ne s’arrête que pour marcher plus vite et faire plus de chemin.

L’on a fait pour cet usage plusieurs recueils d’Oraisons jaculatoires, et je les crois tous fort utiles ; cependant je ne vous conseille pas de vous y assujétir : contentez-vous de dire de cœur ou de bouche ce que l’amour vous inspirera sur-le-champ, et il vous suggérera tout ce que vous pourrez souhaiter. Il est vrai qu’il y a de certaines paroles pour lesquelles le cœur a un attrait tout particulier, comme celles des Psaumes qui ont tant de feu, ou bien les diverses invocations du saint Nom de Jésus, ou bien ces traits enflammés de l’amour divin, que nous avons dans le Cantique des Cantiques : j’avoue même que les Cantiques spirituels peuvent encore servir à cette intention pourvu qu’on les chante avec une attention sérieuse.

Appliquez ici l’exemple des personnes qui s’aiment d’un amour humain et naturel : tout en eux est occupé de cet amour, l’esprit, la mémoire, le cœur et la langue ; que de pensées, que de souvenirs, que de réflexions, que de transports, que de louanges, que de protestations, que l’entretiens et de lettres ! l’on veut toujours y penser, et toujours en parler, ou en écrire quelque chose, même sur l’écorce des arbres que l’on trouve : c’est ainsi que ceux qui sont bien pénétrés de l’amour de Dieu ne respirent que pour lui, et n’aspirent qu’au