Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/168

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Tâchez donc de bien entendre ce proverbe de l’Ecriture. Quelque charmante que soit une musique, elle est incommode et désagréable dans une maison de deuil. Il nous exprime le grand défaut et le contre-temps de plusieurs personnes, qui, s’attachant à la pratique d’une vertu particulière, veulent opiniâtrement en faire les actes en toute rencontre ; semblables à ces Philosophes, dont l’un vouloit toujours rire, et l’autre toujours pleurer ; mais plus déraisonnables qu’eux, en ce qu’ils plaignent et blâment les autres qui ne tiennent pas la même conduite : c’est l’entendre mal, puisque le saint Apôtre nous dit qu’il faut se réjouir avec ceux qui se réjouissent, et pleurer avec ceux qui pleurent : et il ajoute que la charité est patiente, bénigne, libérale, prudente et condescendante.

Il y a néanmoins des vertus dont l’usage est presque universel, et qui, ne se bornant pas à leurs propres devoirs. doivent encore répandre leur esprit sur toutes les autres vertus : il ne se présente pas souvent des occasions de pratiquer la force, la magnanimité, la magnificence ; mais la douceur, la tempérance, la modestie, l’honnêteté et l’humilité, sont de certaines vertus, dont universellement parlant, toutes nos actions doivent porter l’esprit et le caractère. Ces premières vertus ont plus de grandeur et d’excellence, mais les dernières sont d’un plus grand usage : comme nous voyons que