Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/169

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l’on se sert bien plus souvent et plus généralement du sel que du sucre, quoique le sucre soit plus excellent que le sel. C’est pourquoi il faut toujours avoir à la main une bonne provision des ces vertus générales, dont l’usage doit être si ordinaire.

Dans la pratique des vertus, il faut préférer celle qui est plus conforme à notre devoir, à celle qui est plus conforme à notre goût. L’austérité des mortifications corporelles étoit du goût de sainte Paule, qui prétendoit y trouver plus proprement les consolations spirituelles ; mais l’obéissance à ses supérieurs étoit plus de son devoir ; et saint Jérôme avoue qu’elle étoit plus répréhensible, en ce qu’elle portoit l’abstinence jusqu’à un grand excès contre le sentiment de son Évéque. Au contraire, les Apôtres, à qui Jésus-Christ avoit commis la prédication de son Évangile, et le soin de distribuer aux âmes le pain céleste, jugèrent avec beaucoup de sagesse qu’ils ne devoient pas quitter ces fonctions, pour se charger des soins de la charité envers les pauvres, quelque excellente qu’elle soit. Tous les états de la vie ont des vertus qui leur sont propres ; ainsi les vertus d’un Prélat sont bien différentes de celle d’un Prince, ou de celles d’un soldat, et celles d’une femme mariée, de celles d’une veuve. Quoique nous devions donc avoir toutes les vertus, nous ne devons pas tous les pratiquer également ; et chacun