Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/177

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Sainte, pour lui reprocher ses imperfections et ses défauts : non, j’atteste Jésus-Christ, qu’elle l’a servi comme je veux le servir, que je ne m’éloigne nullement de la vérité ni de part ni d’autre, disant simplement en chrétien ce qu’elle a été comme chrétienne ; c’est-à-dire, que j’en écris la vie et non pas l’éloge, pouvant dire d’ailleurs, que ses défauts auroient été des vertus en beaucoup d’autres.

Or, vous entendez bien, Philothée, qu’il parle des âmes moins parfaites que sainte Paule ; et en effet, il y a des actions que l’on condamne comme des imperfections en ceux qui sont parfaits, lesquelles seroient prises pour de grandes perfections en ceux qui sont imparfaits. Ne dit-on pas que c’est un bon signe, quand les jambes enflent à un malade dans la convalescence, parce que l’on conjecture que la nature a repris assez de force pour rejeter les humeurs superflues ? Mais cela même seroit un méchant pronostic dans un homme qui ne seroit pas malade, parce que l’on jugeroit que la nature n’auroit plus assez de force pour dissiper et résoudre les mauvaises humeurs. Philothée, ayez toujours une bonne opinion des personnes dans qui les vertus nous paroissent mêlées de quelques défauts, puisque plusieurs Saints ne les ont pas eues sans ce mélange ; mais pour vous, tâchez de vous y perfectionner en accordant la prudence avec la fidélité :