Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/178

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et pour cela, tenez-vous bien à l’avis du Sage, qui nous avertit de ne pas nous confier à notre prudence, et de la soumettre à celle des conducteurs que Dieu nous a donnés.

Il y a bien des choses que l’on prend pour des vertus, et qui ne le sont aucunement, et il est nécessaire que je vous en parle : ce sont les extases ou ravissemens, les insensibilités, les impassibilités, les unions deïfiques, les élévations et transformations, et autres semblables perfections, dont traitent de certains livres qui promettent d’élever l’âme jusqu’à la contemplation purement intellectuelle, à l’application essentielle de l’esprit, et à la vie suréminente. Philothée, ces perfections ne sont pas des vertus, mais leurs récompenses, ou bien plutôt des communications anticipées de la félicité éternelle, dont Dieu donne quelquefois le goût à l’homme pour lui en faire désirer la possession. Mais enfin, nous ne devons jamais prétendre à de telles faveurs, parce qu’elles ne sont nullement nécessaires au service de Dieu, ni à son amour, qui doit faire notre unique prétention, d’autant plus que ce ne sont pas ordinairement des grâces que nous puissions acquérir par notre application, l’âme recevant plutôt en tout cela les impressions de l’esprit de Dieu, qu’elle n’y agit par ses opérations. J’ajoute que n’ayant point ici d’autre dessein que