Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/185

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bien que leurs louanges sur leur patience. Je l’avoue, voilà de la patience ; mais certainement c’est une fausse patience, et qui, en effet, est un orgueil très-subtil, et une vanité bien rafinée. Oui, comme dit l’Apôtre, ils ont de la gloire, mais ce n’est pas celle qui conduit à Dieu. Le Chrétien véritablement patient ne se plaint point de son mal, et ne désire point qu’on le plaigne : s’il en parle, c’est avec beaucoup de simplicité et de naïveté, sans le faire plus grand qu’il n’est ; si on le plaint, il souffre patiemment ces plaintes, à moins qu’on le plaigne d’un mal qu’il n’a pas, car alors il en désabuse modestement les autres ; ainsi il conserve la tranquillité de son âme entre la vérité et la patience, déclarant ingénument son mal et ne se plaignant point.

Dans les contradictions que la dévotion vous attirera. (car elles ne vous manqueront pas) souvenez-vous de cette comparaison de Jésus-Christ : Les douleurs de l’enfantement causent bien des douleurs à une pauvre mère ; mais dès qu’elle voit son enfant, elle les oublie, et la joie d’avoir mis un homme au monde dissipe toute sa tristesse. Hé bien, Philothée, vous voulez absolument travailler, comme dit l’Apôtre, à former Jésus-Christ dans votre cœur et en vos œuvres, par un amour sincère de sa doctrine, et par une parfaite imitation de sa vie. Il vous en coûtera quelques douleurs, n’en doutez pas ; mais elles passeront,