Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/189

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bassesse d’esprit et de cœur, que de vouloir établir leur honneur sur des choses si frivoles ! Combien d’autres se font à leur esprit même un charme de leur prétendue beauté ? et combien encore, à qui un peu de science jointe à beaucoup de vanité, donne un tour si ridicule parmi les autres hommes dont ils veulent se faire respecter comme des maîtres, que le nom de pédant est tout l’honneur qu’ils en reçoivent ? En vérité, tout cela est bien superficiel, fort bas et très-impertinent. Cependant, Philothée, c’est sur tout cela que roule la vaine gloire.

L’on connoît le vrai bien à la même épreuve que le vrai baume ; l’on fait l’essai du baume, en le distillant dans de l’eau ; s’il va au fond, l’on juge qu’il est pur, très-fin, et d’un grand prix ; au contraire, s’il surnage, l’on juge qu’il est altéré ou contrefait. Voulez-vous donc savoir si un homme est véritablement sage, savant, noble, généreux ? examinez si ces bonnes qualités sont accompagnées d’humilité, de modestie, de soumission envers ceux qui sont au-dessu de lui ; si cela est ; ce sont de vrais biens ; mais si vous y découvrez de l’affectation à faire paroître ce qu’il croit avoir de bon, dites que cet homme n’est qu’un homme superficiel, et que ces biens sont d’autant moins réels en lui, qu’il affecte de les montrer. Les perles qui ont été conformées en une saison de