Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ayez beaucoup plus d’application à faire valoir vos biens, que n’en ont même les mondains ; car dites-moi, je vous prie, ceux à qui les grands Princes donnent l’intendance de leurs jardins, n’ont-ils pas plus d’attention à les cultiver, et plus de soin d’avoir tout ce qui peut servir à les embellir, que s’ils leur appartenoient en propre ! Pourquoi cela ? c’est qu’ils considèrent ces jardins, comme ceux de leurs Princes et de leurs Rois, à qui ils veulent plaire. Philothée, les biens que nous avons ne sont pas à nous, et Dieu qui les a confiés à notre administration, prétend que nous les fassions bien valoir : c’est donc lui rendre un service agréable, que d’en avoir un grand soin ; mais il faut que ce soin soit plus solide et plus grand que celui des mondains, parce qu’ils ne travaillent que pour l’amour d’eux-mêmes, et que nous devons travailler pour l’amour de Dieu. Or, comme l’amour de soi-même est un amour empressé, turbulent et violent, le soin qui en tire son origine est plein de trouble, de chagrin et d’inquiétude ; et comme l’amour de Dieu porte dans le cœur la douceur, la tranquillité et la paix, le soin qui en procède est doux, tranquille et paisible, même à l’égard des biens du monde : ayons donc cette suavité d’esprit et cette tranquillité de conduite en tout ce qui est de la conservation et de l’augmentation de nos biens, selon les