Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/250

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des mains d’Esaü tenoit à sa peau, qui étoit naturellement toute velue, on ne le lui auroit pas arraché, ni sans une grande douleur, ni sans une grande résistance. C’est justement une double figure de l’attachement des uns aux richesses, et du détachement des autres : quand nos biens nous tiennent au cœur, si la tempête, si le larron, si le chicaneur nous en enlève quelque partie, que de plaintes, que de trouble, que d’impatience ! Mais quand nous ne tenons à nos biens que par le soin que Dieu veut que nous en ayions, et non pas par le cœur, si nous les perdons, nous ne perdons pas pour cela, ni la raison, ni la tranquillité. Les fidèles serviteurs de Dieu ne tiennent pas plus à leurs biens qu’à leurs habits, qu’ils peuvent prendre et laisser comme il leur plait ; mais les mauvais chrétiens y tiennent autant que les bêtes à leur peau.


CHAPITRE XVI.

Des Richesses de l’esprit dans l’état de la Pauvreté.


Mais si effectivement vous êtes pauvre, Philothée, ô Dieu ! tâchez de l’être encore d’esprit, faites de nécessité vertu, et employez cette pierre précieuse de la sainte pauvreté pour ce qu’elle vaut ; elle paroît fort obscure au monde, et il n’en sait